- Lisa Otjacques
Seconde réponse de Laëtitia
Certains auteurs et autrices de lettres ont eu l'envie de m'en écrire une seconde, me parler de leur déconfinement.
Voici la seconde lettre de la première autrice à m'avoir écrit une réponse ; l'autrice Laëtitia Lerogeron.

©Lisa Lesourd
" Bonjour cher/e colocataire, Ou est-ce que nous sommes redevenus des inconnus ? "
Je ne sais pas par où commencer. Je ne sais pas quoi dire. C'est plutôt étrange, moi qui aime bien la douceur des conversations où s'égarent les banalités. Je ne sais plus comment commencer les choses. Je suis un peu perdue quand je commence mes matins. Je regarde les infos, on a les fesses entre deux chaises, et moi mon moral il fait un grand écart comme Jean-Claude Van Damme... entre deux chaises.
Je pourrais commencer par... Bonjour cher/e colocataire, Ou est-ce que nous sommes redevenus des inconnus ? Des gens qui nous poussons dans la rue, qui klaxonnons pour un rien sur une avenue qui était déserte il y a encore une semaine ? J'ose à croire que non. Nous pouvons encore nous appeler comme cela : colocataires. Histoire incroyable : J'ai pu échanger d'autres mots avec la secrétaire de mon agence immobilière, que simplement déclarer un problème de plomberie. Elle est à la retraite dans quatre mois. Sans toute cette aventure que nous sommes en train de vivre, jamais je n'aurais appris ça ! Dans quatre mois ! Qu'est-ce qu'il se passera dans quatre mois ? Prévoir l'avenir. Je ne suis pas bonne voyante en ce moment. Mon troisième œil à la cataracte, je crois. J'ai déjà dû mal à commencer le matin, je ne peux pas savoir comment sera demain. Je crois que j'ai peur. Ce n'est pas très agréable et en même temps, ça me rassure, un peu. Je suis un peu perdue quand je me lève, le matin, mais je veux être éveillée, vive. Avancer pour réduire cette peur sans tomber dans l'ignorance. Je ne suis pas voyante mais je suis funambule. Est-ce que je m'attendais à me découvrir un nouveau talent ? Non. Et pourtant, je suis en équilibre depuis deux mois sur un fil large comme la Terre et solide comme la maladie. Comme ça on ne dirait pas, mais c'est pas si simple ! Comment vas-tu, cher/e colocataire ? Moi, je reste éveillée, je reste en équilibre, je n'ai aucune envie de tomber, car j'ai envie de te rencontrer, cher/e colocataire !
Laëtitia Lerogeron